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Auto-édition : Les pleins pouvoirs

Je suis ravie de vous retrouver pour étancher notre soif de réponses concernant cette jungle hostile que constituent les différents modes d’éditions.
Mon ami Zéli désespère et commence à baisser les bras… pourtant, je vous assure, son roman mérite vraiment de trouver ses lecteurs… et les lecteurs seraient enchantés de découvrir son travail.

Vous croyez également en votre roman ?

Il n’y a plus de place pour vous au sein de l’édition traditionnelle ? Et les offres proposant des contrats à compte d’auteur ne vous correspondent pas ?
Vous êtes prêt à retrousser vos manches pour aider votre roman à trouver ses lecteurs ?

Vous êtes au bon endroit.

Nous abordons aujourd’hui notre dernier mode d’édition qui est l’auto-édition et toute sa palette de possibilités.

L’auteur a tous les droits…

Contrairement à l’édition traditionnelle où l’auteur cède ses droits à l’éditeur, dans ce concept, il reste l’unique propriétaire de son ouvrage.
De plus, la propriété littéraire confère à tout auteur d’une œuvre de l’esprit le droit de la divulguer et d’en retirer un profit au travers du droit de reproduction qu’il peut exploiter par le biais de l’auto-édition. Il devient donc l’éditeur de son propre texte, il devient auteur indépendant. Ne vous y trompez pas, auteur-éditeur est un métier à part entière et surtout très complet.

Pas de droits d’auteur…

L’auteur-éditeur ne perçoit pas de droits d’auteur. Ses revenus résultent de la vente de ses livres. Généralement, un certain pourcentage est réservé à régler les taxes et impôts. Sur le taux restant, le ou les prestataire(s) sollicité(s) pour la commercialisation s’octroient également un pourcentage

Les avantages  ?

  • L’auteur conserve l’intégralité de ses droits.
  • L’auteur garde un contrôle total sur la conception du livre.
  • L’auteur peut proposer un ouvrage plus personnel, plus original ou n’entrant pas dans les cases de l’édition traditionnelle.
  • Il peut faire appel aux prestataires de son choix (ex : un illustrateur dont il apprécie le travail)
  • La rémunération peut s’élever jusqu’à 70 % du prix de vente.
  • La durée de commercialisation de l’ouvrage n’est pas soumise à la validité d’un contrat comme dans l’édition traditionnelle. L’auteur peut commercialiser son roman ad vitam si cela lui chante.
  • La commercialisation est très rapide (quand qu’elle peut s’étendre à plus d’un an par le circuit traditionnel).

Les contreparties  ?

Dans ce système, l’auteur-éditeur se doit d’être autonome sur tous les fronts. Il peut décider de tout réaliser lui-même ou bien faire appel à des tiers, comme des amis ou même des professionnels. Dans tous les cas, il demeure le chef d’orchestre.

  • Il se charge de la relecture/correction du texte.
  • Il réalise la maquette du livre ainsi que la couverture.
  • Il se charge de l’impression.
  • Il effectue les démarches administratives concernant la publication officielle comme les dépôts légaux.
  • L’auteur assure la promotion (service presse, publicité…).
  • Il organise ses interventions publiques (séances de dédicaces, salons).
  • Il assume la diffusion et la vente de son ouvrage.
  • Il doit tenir la comptabilité recettes/dépenses pour les déclarer aux services des impôts.

Ne pas confondre auto-édition
et auto-publication…

Étonnant ?
L’auto-publication consiste à diffuser tout simplement son écrit auprès du public généralement de façon gratuite. Certaines plateformes, présentées comme des réseaux sociaux, permettent d’offrir des écrits (achevés ou non) aux lecteurs de façon spontanée. Cette démarche n’inclut aucun service de relecture, de correction, de mise en page, d’illustration et de diffusion. Elle est donc accessible à tout le monde dans un moindre coût et dans un moindre effort, alors qu’avec l’auto-édition, comme son nom l’indique, l’auteur effectue un véritable travail d’éditeur.

Une réputation qui précède…

Le manque de reconnaissance est un aspect que l’on néglige parfois, mais qui peut constituer un inconvénient un peu lourd à porter, surtout au départ. Les étiquettes « médiocre » et « amateur » vous collent aux basques et sont chaudement entretenues par les professionnels du milieu.
Pour beaucoup d’éditeurs (surtout les anciens du milieu), le principe de l’auto-édition est une faute déontologique. Ils estiment que les textes auto-édités n’ont pas été choisis par les directeurs littéraires, les lecteurs des comités et qu’ils sont donc indignent d’apparaître sur le marché.
Toutefois, nous avons découvert lors de nos recherches passées, que beaucoup de bons ouvrages se font refouler parce qu’ils ne s’intègrent pas à la norme éditoriale ou parce qu’ils ne sont économiquement pas rentables en raison du marché de niche ciblé. Les ouvrages de nouveaux genres peuvent également se voir refermer la porte au nez en raison du risque financier encouru. J.K. Rowling a été rejetée par les maisons d’édition pendant dix ans avant de signer un contrat pour son jeune sorcier.

Par ailleurs, il n’est pas rare de voir un auteur auto-édité se faire approcher par une maison édition après avoir essuyé moult refus. Devons-nous comprendre que les avis des comité de lecteurs ne sont pas forcément représentatifs de l’opinion de l’ensemble des lecteurs français ?

N’oublions pas qu’il est aussi fréquent de voir des auteurs auto-édités ouvrir leur propre maison d’édition et contredire ainsi toutes les idées reçues… De plus, un certain nombre d’auteurs édités à compte d’éditeur choisissent l’indépendance après des années de déconvenue.

Trop de livres, pas assez de lecteurs…

D’aucuns prétendent que la conséquence directe à l’auto-édition est un excès du nombre de titres par rapport au nombre de lecteurs potentiels. Pourtant, les lecteurs français assidus peuvent dévorer plus d’une vingtaine de livres pas an…
Et si nous les laissions décider de ce qu’ils aiment, plutôt que de leur imposer ?

Les éditeurs traditionnels proposent de belles prestations et leurs différentes démarches sont bien rodées, mais ils représentent avant tout des entreprises lucratives que les ventes de livres auto-édités n’enrichissent pas… Les auteurs indépendants ont aussi la réputation de casser les codes, de remettre en question l’ordre établi ce qui, naturellement, ne peut pas être du goût de tout le monde.

Le problème récurrent…

Sans équipe pour tenir le front, il est parfois compliqué de soigner tous les aspects de l’édition…
Il fut un temps où les ouvrages auto-édités (souvent issus d’une impression numérique) souffraient d’une réputation de mauvaise facture face à l’impression Offset des éditeurs. Seulement, l’évolution des technologies offre désormais une impression de qualité égale. De plus, le système émergeant de l’impression à la demande a permis aux petites structures et aux indépendants de conquérir le marché du papier.

Il persiste toutefois une réelle contrainte, il s’agit des corrections orthographiques, typographiques, syntaxiques etc… Toute personne maîtrisant la langue est susceptible de commettre des erreurs sur un ensemble 400 pages. Et comme, la plupart du temps, l’auteur connaît son texte par cœur, le cerveau repère plus difficilement les fautes, notamment les coquilles.
Pour y remédier, plusieurs solutions sont possibles. L’auteur peut se munir d’un logiciel correcteur plus poussé que le standard de Word par exemple. Je pense notamment à Antidote qui est capable de relever les erreurs de langues, de typographie et les fautes de style (nous parlerons de cet outils plus en détails dans un autre article). Il peut également faire appel à un correcteur « humain », comme un ou des bêta-lecteur(s) à l’œil aiguisé et disposant d’une bonne maîtrise de la langue.

Plusieurs professionnels se sont même aventurés sur ce marché bien juteux. J’ai moi-même effectué des demandes de devis pour Délivrance. Pour ce tapuscrit de plus d’un million de caractères, j’ai reçus des devis allant de 1200 à plus de 4000€. Je me suis finalement tournée vers une maison d’édition locale qui m’a proposé une facture de 500€ pour une correction orthographique/typographique et le résultat est plus que satisfaisant.

Auto-édition oui, mais pas
n’importe comment.

Alors oui, la phase de relecture/correction est primordiale et ne doit pas être négligée, parce que si elle ne remet pas en cause la qualité de l’intrigue et la structure du roman, elle peut cependant décourager les lecteurs qui ne se priveront pas pour partager leur déception.

Concrètement, comment ça se passe ?

Le phénomène de l’auto-édition existe depuis les années 60, mais il a réellement pris son envol au début des années 2000 grâce au développement du marché du livre numérique. Depuis, de nombreuses plate-formes en ligne ont vu le jour pour aider ces auteurs parfois démunis devant l’ampleur de la tâche.

Simple et efficace…

L’auto-édition numérique libère l’auteur-éditeur des contraintes de l’impression du papier, de la diffusion par les réseaux traditionnels, ou de l’expédition par voie postale et permet un contact direct avec les lecteurs. Pour se faire, il vous suffit de télécharger un fichier Word (ou un fichier ePUB de préférence) de votre texte sur de nombreuses plates-formes spécialisées et votre roman sera disponible en ligne sous quarante-huit heures ! Ces libraires en ligne vous permettent ensuite de suivre l’évolution des ventes de votre ouvrage en créant simplement un compte auteur. De plus, au cours des dernières années, de nombreuses structures se sont imposées sur ce nouveau marché pour étendre l’offre à la publication papier. Une véritable révolution dans le domaine de l’auto-édition.

Qui sont-elles ?

Elles ont pour noms Lulu, Kobo Writing Life, Books on Demand, Kindle Direct Publishing, TheBookEdition, Librinova et bien d’autres… Ces plates-formes proposent leurs services pour publier votre ebook et même une version brochée pour certaines d’entre elles. Généralement, ces publications s’accompagnent d’une diffusion dans les marketplaces et/ou certaines librairies en ligne, voire un référencement chez Dilicom pour une visibilité auprès des librairies physiques avec prise en charge des commandes et de l’aspect logistique.

Ces structures peuvent se révéler des appuis très solides. Néanmoins, il incombe de nouveau à l’auteur de choisir avec soin son prestataire pour répondre au mieux à ses besoins.
Quel type de produits ?
Quel est le public visé ?
Comment l’atteindre ?
Nous analyserons plus en détail leurs prestations dans un prochain article.

Quelques graphiques pour éclaircir la répartition du prix HT d’un livre

Notes :
– Les pourcentages sur l’édition traditionnelle sont des moyennes communiquées par le Ministère Français de la Culture et de la Communication. Elles peuvent naturellement varier selon la catégorie éditoriale (art, bande dessinée, sciences humaines, encyclopédies…) et le format de l’ouvrage (beau livre, poche…), mais également selon les modalités de diffusion et de distribution du livre.
– Les pourcentages sur l’auto-édition sont observés sur un ouvrage broché de 500 pages publié via Kindle Direct Publishing et commercialisé 16€ HT.
– Une TVA à 5.5% s’ajoute au prix HT pour former le prix TTC.

Tout faire soi-même…

Un correcteur ou une solide équipe de bêta-lecteurs a lu, relu et corrigé à maintes reprises votre texte ?
Vous avez trouvé l’illustration idéale sur une banque d’image ?
Vous maîtrisez Photoshop ou GIMP pour confectionner la couverture de votre bouquin ?
Grâce à divers logiciels, vous avez pu établir une maquette bonne à imprimer de votre ouvrage ?
Alors vous pouvez aussi choisir l’option « do it yourself ».
Maintenant que vous avez tout ce qu’il faut sur votre clé USB, pensez à faire votre demande d’ISBN (voir l’article > Édition : Les démarches légales obligatoires) et filez voir votre imprimeur.

Vous avez désormais votre tirage en stock dans votre placard et il vous échoit alors d’assurer la diffusion, la distribution et la promotion de votre ouvrage. Vous pouvez donc démarcher les libraires pour leur proposer d’ajouter votre roman à leur catalogue. Vous pouvez aussi le référencer chez Dilicom notamment ou encore le proposer à la vente sur les marketplaces. Il faudra aussi vous organiser pour les expéditions postales vers vos lecteurs ou les points de vente. Ce sera l’occasion de leur envoyer en bonus une petite dédicace 😉 Au milieu de tout cela, il vous appartient aussi d’organiser vos interventions publiques (séances de dédicaces, salons).

En définitive…

Qui a dit que l’auto-édition était la solution de facilité ? Que nenni !
Certes, devenir auteur/éditeur ne s’apprend pas en un jour, il fut un temps, où les auteurs auto-édités manquaient d’informations et de moyens. Le travail qui pouvait en résulter (français approximatif, non-respect des bonnes pratiques de mise en page, couverture de mauvaise résolution, etc.) a terni la réputation de ces auteurs indépendants au fil des années.

Faut-il censurer les chanteurs débutant dans leur garage, le métro ou leur chaîne YouTube ? De Renaud à Ben Harper en passant par Téléphone, combien de grands artistes ont été découverts de cette manière ?

De nos jours, les aides à l’auto-édition fleurissent de partout (logiciels, structures spécialisées, free-lances). De nombreux professionnels se sont mobilisés sur ce marché pour accompagner ces auteurs désœuvrés, mais aussi pour éclaircir cet univers mystique et fermé de l’édition. Il est désormais à la portée de chacun de fournir un bon travail ou de se faire accompagner. Néanmoins, je ne vais pas vous leurrer, vous risquez de vous arracher les cheveux à bien des étapes et à moins que vous consacriez beaucoup d’énergie à la promotion de vos ouvrages, il est souvent difficile de se démarquer de tous les autres auteurs…
Nous avons vu précédemment que 67% des auteurs édités à compte d’éditeur étaient également contraints d’exercer une autre activité professionnelle pour vivre. Néanmoins, il se trouvent un certain nombre de romanciers auto-édités qui parviennent à vivre de leur écriture…

Quoi qu’il en soit, mon ami Zéli est plus déterminé que jamais. Maintenant qu’il a toutes les cartes en main, il va évaluer les différentes possibilités en fonction de ses attentes, du public ciblé et de ses ressources…

Et vous, pour quelle solution optez-vous ?

Cet article vous a plu ? Vous désirez découvrir d’autres informations utiles aux auteurs, des outils, des trucs et astuces ? Abonnez-vous à mon journal ! Zéli vous montre la marche à suivre tout en bas de la page.

Sources

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Contrat à compte d’éditeur…. oui, mais lequel ?

Mon ami Zéli vient de m’annoncer fièrement qu’il avait enfin achevé son tapuscrit après des mois de dur labeur à rédiger, relire, découper et corriger son récit. Après l’avoir félicité, je lui ai demandé s’il envisageait une parution et si oui, de quelle manière.
Déconfit, mon pauvre Zéli m’a confié qu’il rêvait de publier son ouvrage pour être lu, mais que l’univers de l’édition lui apparaissait aussi inquiétant que l’horizon glacial de l’Antarctique.

Ah… vous souhaitez également éditer votre livre ?

Et le monde de l’édition vous semble aussi périlleux que la traversée de la jungle ?

Pas de panique !

Nous allons étudier la question ensemble.

Alors, quels choix s’offrent à vous ? Eh bien plusieurs… En fait, vous en avez deux, ou trois, voire cinq…
Vous pouvez décider de le ranger dans le fond d’un tiroir pour les longues soirées d’hiver à vous rappeler le rêve que vous n’avez pas osé accomplir. Vous pouvez rendre visite à l’imprimeur du coin avec votre fichier sur clé USB et payer pour un petit tirage destiné à régaler vos proches de votre plume inconnue, ou vous pouvez choisir l’aventure de l’édition…
Nous allons plutôt nous pencher sur cette dernière option parce que Zéli désire se confronter aux critiques du grand public.
Vous aussi ?
Parfait, la suite devrait vous intéresser.

Avant toute chose, nous remarquons qu’il existe plusieurs systèmes d’édition et surtout, plusieurs types de contrats par mode d’édition. Nous occuperons donc les prochaines semaines à approfondir chacun de ces systèmes individuellement. Il y a l’édition à compte d’éditeur, l’édition à compte d’auteur ainsi que l’auto-édition.

Aujourd’hui, nous allons observer à la loupe l’offre proposée par les éditeurs traditionnels, le Saint-Graal pour les écrivains… mais qu’en est-il vraiment ?

Le Saint-Graal des écrivains… à quoi ressemble-t-il ?

Ces éditeurs traditionnels proposent des contrats à compte d’éditeur régis par l’article L 132-1 du Code de la Propriété Intellectuelle. Ils assument l’ensemble des frais liés à l’édition de l’ouvrage ainsi que tous les risques éditoriaux et se chargent de la diffusion et de la publicité. Ils rétrocèdent également une rémunération à l’auteur, que l’on appelle des droits d’auteur, en échange de la cession de ses droits d’exploitation. Dans certains cas, l’auteur peut même percevoir un à-valoir, une somme prédéfinie versée avant le premier tirage.

Quelques chiffres à retenir…

88 000

auteurs de textes édités à compte d’éditeur.

87%

de ces auteurs perçoivent des droits d’auteurs inférieurs ou égaux au SMIC.

67%

de ces auteurs exercent une autre activité professionnelle.

8,2%

Pourcentage moyen des droits d’auteur sur les livres imprimés.

Précision : seuls les auteurs ayant signé un contrat à compte d’éditeur perçoivent des droits d’auteur. Les contrats à compte d’auteur et l’auto-édition n’engendrent pas de droits d’auteur mais des revenus commerciaux.

Au cours de mes recherches, j’ai pu observer que ce monde prétendument idyllique peut présenter plusieurs facettes, sous la forme de différents types de contrats.

En théorie, le contrat dit classique reprend les caractéristiques citées plus haut et comporte les avantages et les inconvénients suivants :

Les avantages ?

  • Ces éditeurs apportent leur expertise sur votre travail, suggèrent des axes d’amélioration, gèrent la correction, la mise en page, confient l’élaboration de la couverture à un professionnel de l’infographie ou un illustrateur, assurent la diffusion et la distribution auprès des librairies et supervisent la promotion. Vous ne vous occupez de rien.
  • Vous jouissez de la réputation associée au terme magique « Contrat à compte d’éditeur ».
  • Le contenu ne peut pas être modifié sans votre accord, parce que l’auteur conserve ses droits moraux qui concernent le droit de divulgation, le droit de paternité, le droit au respect de l’intégrité de l’œuvre, le droit de retrait…
  • Certains professionnels peuvent vous proposer une avance de royalties, ce que l’on appelle un à-valoir, en fonction du pourcentage négocié et du nombre d’exemplaires du premier tirage défini par le contrat. Cette avance est acquise. Autrement dit, si ce premier tirage ne s’écoule pas entièrement, l’auteur conserve la somme, mais percevra de nouveau à partir du moment où un second tirage sera envisagé, s’il est envisagé un jour.
    Exemple : Votre contrat indique que vos droits d’auteur s’élèvent à 5% du prix de vente hors taxes de votre roman. En admettant que ce montant revienne à 10€, vous toucherez 0,5€ par bouquin vendu. Si un premier tirage de 1000 exemplaires est envisagé, vous recevrez donc la somme de 500€ à la signature du contrat et recommencerez à percevoir vos droits d’auteur à partir de la 1001ème vente. En revanche, si l’ensemble du premier tirage ne s’écoule pas, la somme des 500€ reste acquise. Cependant, cet à-valoir est rarement proposé et encore moins aux auteurs inconnus.
  • Le contrat doit indiquer le nombre d’exemplaires offerts à l’auteur (les petites structures peuvent céder de 1 à 5 exemplaires) ainsi que la ristourne accordée s’il souhaite s’en procurer davantage. Elle est souvent comprise entre 20 et 40 % selon les contrats. À noter que l’éditeur doit prendre en charge le coût de l’envoi.

Les contreparties ?

  • La cession des droits. Vous cédez les droits de reproduction, les droits de représentation, les droits de traduction, d’adaptation. Autrement dit, l’auteur ne peut plus en disposer d’un point de vue commercial. Sur cet aspect-là, le roman appartient désormais à l’éditeur sur la durée définie par le contrat, souvent entre trois et cinq ans pour les écrivains inconnus. Dans tous les cas, chaque droit cédé doit être explicitement mentionné dans le contrat. Soyez notamment vigilants à la question de l’édition numérique. Historiquement, cet élément n’apparaissait pas dans les contrats et depuis l’essor de ce nouveau marché, des éditeurs ont pu tenter de l’exploiter sans en être réellement propriétaires.
  • Si le contenu ne peut pas être modifié sans votre accord, vous n’avez cependant pas votre mot à dire sur l’aspect commercial, cela comprend la couverture, le marketing, les éventuelles traductions et adaptations. De plus, vous ne serez pas forcément informés de l’évolution de votre ouvrage au sein du vaste océan du livre.
  • Il faut aussi savoir que l’espérance de vie de votre bouquin en librairie est en moyenne de trois mois. Si votre livre ne parvient pas à se démarquer d’ici la prochaine saison littéraire, il devra céder sa place aux nouvelles sorties, particulièrement si vous êtes un auteur inconnu.
  • Il est aussi possible, voire fort probable selon le taille de la structure, que votre roman n’apparaisse jamais en librairie et soit uniquement commandable par le biais du réseau Dilicom par exemple.
  • Lorsque les ventes deviennent inférieures à un certain pourcentage du stock et après une certaine période (en moyenne 2 ans), l’éditeur peut retirer du marché les ouvrages non vendus direction le pilon ! Il doit alors en avertir l’auteur par lettre recommandée.
  • La rémunération de l’auteur, comme indiqué plus haut, s’effectue par rétrocession d’un pourcentage sur le prix de vente hors taxes. Pour un auteur inconnu, il s’élève généralement entre 5 et 8 % (parfois 10% pour les chanceux). Certaines structures peuvent proposer un taux progressif, par exemple 5 à 8% pour le premier tirage, 9 à 10% pour le second et ainsi de suite. Cette procédure peut s’avérer intéressante si votre roman cartonne, si ce n’est pas le cas ou qu’il ne se vend que moyennement, l’éditeur n’aura pas d’intérêts à réaliser un deuxième tirage.

Les clauses abusives et les contrats douteux…

Il faut avouer que quand on est un jeune auteur ignorant du système et des autres possibilités, cette approche est plutôt sécurisante et très tentante, restez cependant bien vigilants avant de signer. En effet, mes recherches m’ont permis de faire connaissance avec d’autres variantes… disons… un peu limites ou présentant des clauses abusives pour du compte d’éditeur.

Le droit de préférence.

C’est par exemple le cas de la clause du droit de préférence. Elle impose à l’auteur de proposer ses futurs ouvrages à l’éditeur avant de contacter un concurrent. Initialement, cette clause avait pour objectif de préserver les petits éditeurs en leur épargnant de voir leurs auteurs nouvellement propulsés débauchés par des structures plus importantes. En revanche, cette mention peut vite devenir handicapante en cas de mésentente avec votre éditeur…

Un contrat version allégée.

Parmi les contrats douteux, nous pouvons trouver une version allégée du contrat classique. L’auteur ne perçoit pas d’à-valoir ni aucun droit d’auteur avant un certain nombre de ventes. Est-il vraiment utile de préciser que le seuil en question est rarement atteint et que le pourcentage rétrocédé à l’auteur est souvent dérisoire ?

Le contrat conditionné au résultat d’une souscription par l’éditeur.

Nous trouvons également le contrat d’édition conditionné au résultat d’une souscription par l’éditeur. Certains petits éditeurs peuvent y avoir recours afin de limiter le risque financier. Cette formule signifie que le contrat ne prendra effet que lorsque l’éditeur aura reçu un certain nombre de souscriptions (des ventes par anticipation). Attention, la souscription doit être organisée et financée par l’éditeur depuis son propre fichier de lectorats. Si ce n’est pas le cas, que cette étape est à la charge de l’auteur, on bascule sur la variante à compte d’auteur que nous aborderons la semaine prochaine.
Lorsque l’éditeur a su fidéliser ses lecteurs grâce à la qualité de son catalogue, cette méthode peut s’avérer efficace et payante. En revanche, si le professionnel a pour habitude d’abuser du procédé et que les lecteurs ne sont pas au rendez-vous, l’édition du livre n’aboutira pas.

Le contrat minimum.

J’ai également découvert le contrat à compte d’éditeur minimum. Il est basé sur la standardisation des ouvrages et donc d’un large catalogue pour publier un maximum d’auteurs en réduisant les coûts de fabrications. Il est caractérisé par les éléments suivants :

  • L’auteur ne touche pas d’à-valoir.
  • La durée du contrat est généralement moins longue qu’un contrat classique et la résiliation est plutôt facilitée.
  • La relecture, la correction et les éventuelles rectifications sont à effectuer en amont par l’auteur.
  • La mise en page et la couverture sont automatisées et standardisées, autrement dit, tous les romans vendus par l’éditeur proposent la même couverture, elle peut parfois varier selon le genre de l’ouvrage (exemple : couverture noire pour un polar et rouge pour du fantastique)
  • La version numérique est proposée en ligne avec la possibilité d’une impression à la demande, toujours dans l’idée de réduire les coûts.
  • L’ouvrage fait l’objet d’une diffusion minimum, mais pas d’une publicité/promotion.
  • Certains professionnels peuvent même proposer des services facultatifs moyennant un coût supplémentaire.

Les points constituant le contrat d’édition à compte d’éditeur sont bien présents et aucune facture n’est présentée à l’auteur. En revanche, dans cette formule, l’écrivain devient aussi commercial et pour se faire, il doit acheter un certain stock de son roman. Il peut bénéficier d’une remise souvent de 20% sur lesquels il ne touchera pas de droits d’auteur.

Une certaine opacité perdure…

  • Près d’un quart des auteurs (24 %) ont eu connaissance de traductions de leurs livres à l’étranger sans en avoir été informés au préalable par leur éditeur. Et, bien que ce chiffre soit en diminution, 52 % des auteurs n’ont jamais reçu de droits lorsque leurs œuvres ont été exploitées à l’étranger.
  • Ils sont également 25 % à ne pas avoir été informés d’une mise au pilon de leurs ouvrages.
  • Ils sont 20 % à avoir constaté l’exploitation numérique de leurs ouvrages sans information de l’éditeur.
  • Ils sont 11 % à ne pas avoir été informés pour ce qui concerne une impression à la demande d’un de leurs livres.

Et l’édition numérique
dans tout cela ?

De nos jours, un contrat d’édition classique prévoit la cession des droits pour l’exploitation numérique. De plus, la loi n°2011-590 du 26 mai 2011 promulgue la pratique du prix unique pour le livre numérique. Tous les revendeurs ont désormais obligation de le vendre au prix fixé librement par l’éditeur au même titre qu’une version papier.
Le taux de rémunération de l’auteur est déterminé entre les deux parties dans le cadre du contrat d’édition. Puisqu’il n’y a pas de frais d’impression et de distribution, nous pouvons imaginer que la rémunération de l’auteur est plus élevée par rapport à l’exploitation du livre papier… Dans les faits, le taux moyen des droits d’auteur s’élève à 11,1% pour le format numérique. Le taux arrêté entre l’éditeur et l’auteur revient généralement au même montant, en valeur absolue, que la rémunération perçue sur l’exploitation du livre papier.
Une question persiste néanmoins. J’ai pu observer, au cours de mes recherches, des disparités assez importantes entre les prix de vente des formats numériques, allant de 5 à 15€… Ce montant avoisine assez souvent celui d’une version de poche et peut même la dépasser dans certains cas. De quoi décourager les adeptes du numérique ! Ou alors, les encourager à rester sur le chemin des librairies ?

Les auteurs édités à compte d’éditeur sont-ils vraiment satisfaits de leur situation ?

Pour répondre à cette question, j’aimerais partager quelques chiffres avec vous. Pour vous aider à les comprendre, j’ai réalisé des petits graphiques. On aime les graphiques !

Mon expérience de l’édition à compte d’éditeur…

Personnellement, je me suis vue proposer un contrat à compte d’éditeur il y a quelques années pour mon tout premier tapuscrit (qui dort toujours dans un tiroir) par une maison d’édition locale. Ledit contrat présentait les éléments suivants :

  • Je ne percevais pas d’à-valoir.
  • Je cédais tous les droits patrimoniaux d’adaptation, de reproduction, de représentation, de traduction, mais conservais les droits de l’adaptation audiovisuelle ou du moins, elle devait donner lieu à un document distinct.
  • La durée du contrat était de trois ans.
  • Le premier tirage était prévu à 1000 exemplaires.
  • L’éditeur s’engageait à assurer la diffusion, la distribution et la vente de l’ouvrage par les moyens habituels.
  • Mes droits d’auteur s’élevaient à 7% du prix de vente hors taxes, déduction faite des retours éventuels. Ces droits d’auteur n’étaient dus que sur les exemplaires réellement vendus et à l’exclusion des exemplaires détruits par cas fortuit.
  • L’éditeur m’offrait 10 exemplaires pour mon usage personnel sur le premier tirage, avec la possibilité d’en acheter davantage en bénéficiant d’une réduction de 20% sur le prix public tout en touchant mes droits d’auteur.

C’est vrai, l’offre était alléchante, mais je dirais qu’elle est arrivée trop tard, près d’un an après l’envoi de mon tapuscrit, mais surtout, elle était soumise à conditions. On exigeait que je retravaille l’intégralité de mon ouvrage pour le diviser au moins en deux tomes. En définitive, je n’ai pas mené cette démarche à terme pour plusieurs raisons. Si cela vous intéresse, je vous invite à le découvrir dans l’article « Comment les maisons d’édition ont-elles fait de moi une romancière indépendante ? ».

Ce qu’il faut retenir…

33% des auteurs seulement vivent de
leurs ouvrages publiés à compte d’éditeur…

Par conséquent, n’oubliez pas que trouver un éditeur n’est que la première étape d’une aventure laborieuse et parfois peuplée de quelques déconvenues…. De plus, ne criez pas victoire parce qu’une maison d’édition vous propose un contrat à compte d’éditeur. Veillez bien à décortiquer le document avant de signer et surtout n’hésitez pas à poser des questions, montrez que vous connaissez le système, même si ce n’est que partiellement. Vous n’êtes pas des pigeons ! Le terme « compte d’éditeur » est magique et semble aussi alléchant qu’un fruit bien juteux, mais n’oubliez pas qu’il peut être véreux.

Il faut aussi comprendre que la qualité du roman à elle seule ne suffit pas à vous ouvrir les portes de l’édition traditionnelle. Votre ouvrage est produit commercial et doit avant tout entrer dans des cases. Alors avant de démarcher les maisons d’édition à compte d’éditeur, assurez-vous bien que votre bébé réponde correctement aux normes de l’édition. Ligne éditoriale, public ciblé, volume… Si ce n’est pas le cas, ne renoncez surtout pas ! Zéli, remets-toi, mon ami ! Ton tapuscrit est trop volumineux ou ne s’intègre pas dans les lignes éditoriales ? Et alors ?! Il existe d’autres moyens de présenter ton travail au grand public !

J’espère que cet article aura pu démystifier et quelque peu éclaircir cette jungle semée d’embûches qu’est l’édition traditionnelle. N’hésitez pas à me faire part de vos questions, nous tâcherons d’y répondre ensemble. Quant à mon ami Zéli, il a hâte de découvrir les autres systèmes d’édition, alors rendez-vous la semaine prochaine !

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Sources